Renault Laguna GT 2.0
dCi 175 ch : le meilleur 2 litres Diesel du monde ?
Après la version 150 chevaux du tout
nouveau 2 litre dCi, proposé dorénavant sur la Renault Mégane
restylée, la discrète et néanmoins remarquable Renault Laguna
étrenne en ce début de 2006 la variante 175 ch de cet étonnant
moteur. Sportif et souple, sobre et propre, onctueux et discret,
un vrai bijou…
En perte de vitesse sur le marché français en 2005
par rapport à 2004 (41 000 exemplaires, soit des
immatriculations en chute de près de 15 % ), la
Renault Laguna II, commercialisée à la
suite Mondial de Paris fin 2000, a largement perdu
sa place de familiale la plus vendue en France au
profit de la Peugeot 407, la berline du segment M2
la plus vendue en France avec 68 000 unités l’an
dernier. La Renault Laguna a décliné malgré un
restylage important (d’un montant de 15o millions
d’euros contre 93 millions pour celui de la
Renault Mégane II début 2006) intervenu en
février 2005. Encore faut-il nuancer, sa
commercialisation ayant démarré seulement à partir
du 12 mars et sans nouveaux moteurs, hormis le
très sympathique mais anecdotique essence turbo de
205 chevaux.
En
2006, la Renault Laguna devrait connaître un vif regain d’intérêt
grâce aux deux variantes du tout nouveau 2.0 dCi, le segment des
familiales M2 est diéselisé à plus de 88 % en France. Les
versions gazoles de certains modèles atteignent même plus de 95 %
comme pour la Volkswagen Passat ou la Toyota Avensis, tandis que
la part du Diesel dans les ventes de la Laguna plafonnait jusqu’à
présent à 84 % . Avec maintenant l’ épatant Diesel 2 litres en
175 ch, en complément de la non moins excellente version 150 ch
qu’elle a également étrenné il y a quelques semaines (décembre
2005), la Laguna devrait faire un carton, ou du moins, reprendre
du poil de la bête.
Le 2.0
dCi est l’œuvre des motoristes de Renault – Nissan hérite du
développement des moteurs à essence au sein de l’Alliance et
s’est contenté ici de participer à l’élaboration du cahier des
charges.
La
variante 175 chevaux se distingue du 150 ch par l’adoption de deux
arbres d’équilibrage, comme sur l’ancien 2.2 dCi 150 ch, afin de
réduire les vibrations et le bruit à haut régimes, et l’adjonction
d’un FAP en plus du recyclage d’une partie des gaz d’échappement
par EGR qui lui permet de respecter les normes de dépollution Euro
IV. Les gains de 25 chevaux et 20 Nm à des régimes inférieurs de
250 tr/min (à 3 750 et 1 750 tours) sont obtenus par un plus
gros turbo, toujours à géométrie variable, soufflant un peu plus
fort et ici refroidi par eau, par une pression dans les chambres
de combustion augmentée de 175 à 190 bars et par un dessin modifié
des têtes de pistons.
Si la courbe de couple du 150 ressemble à un mamelon vosgien avec
un sommet entre 2000 et 2 600 tr/mn, le 175 présente un profil de
canyon avec un plateau culminant à plus 350 Nm entre 1 700 et 3
100 tours. L’arrivée encore plus massive du couple entre 1600 et
1800 tours se fait avec encore plus d’entrain que pour le 150 ch,
mais toujours sans aucune brutalité.
Évidement,
le 175 ch reprend du 150 ch la culasse à deux arbres à cames en
tête, chacun des deux ouvrant à la fois des soupapes d’admission
et d’échappement (16 au total) grâce aux conduits d’admission
dédoublés et opposés (au lieu de juxtaposer les conduits
d’admission par dessus), qui conjointement à une géométrie des
chambres de combustion hyper-soignée favorisent un double effet "swirl",
une aérodynamique interne réussie étant une des voie les plus
prometteuses pour conjuguer haut rendement et faible pollution.
Le 175 ch conserve également un rapport volumétrique très faible
pour un Diesel (16,0 :1), la rampe commune de dernière génération
soufflant toujours à 1600 bars -et non 1800 comme pour le 2.2
litres Toyota de 177 chevaux, les injecteurs piézo-électrique (ici
à 5 injections au lieu de 4 en raison d’une post-injection
nécessaire au FAP). Bref, un concentré de la technologie Diesel
d’aujourd’hui, sans révolution mais diablement efficace, fruit de
plusieurs années de recherche et d’un budget de 500 millions
d’euros ( dont 200 en ingénérie produit/process).
Une
vraie fusée !
Il
monte effectivement dans les tours comme une fusée, plus encore
que le 150 ch déjà brillant. A plus de 4 000 tours, là où la
plupart des Diesels s’essoufflent, il poursuit son ascension
éclair, et semble ne jamais devoir s’effondrer jusqu’à 5000 tours.
Il continue jusqu’à 5 200 tr/mn . Incroyable pour un Diesel. Très
vif , il supplante tous les 1.9, 2 ou les 2.2 litres au brio
pourtant reconnu. Comme la puissance chute sérieusement au delà de
4 500 tr/mn, le conducteur a peu d’intérêt de pousser plus loin,
d’autant que le passage au rapport supérieur à ce régime permet de
se retrouver idéalement entre la fin de la plage de couple maxi et
les 3 750 tours du régime de puissance.
Cette vivacité ne l’empêche pas de reprendre sans défaillir dès
900 tr/min, à peine au dessus du régime de ralenti. On le sent à
peine un peu plus mou que le 150 ch entre 1300 et 1600 tours en
raison du temps de réponse du gros turbo, plus élevé. Ce n’est
guère gênant à bord de la Renault Laguna, pas trop lourde (une
tonne et demi à mener) et dont la modification du rapport de pont
des trois premières vitesses (plus courtes d’un chouia) et celle
des trois supérieures un fifrelin plus longues par rapport au 150
ch, un étagement qui s’accorde au caractère du moteur légèrement
différent. Avec un couple maximal écrêté à 360 Nm, le 2.0 dCi 175
conserve la nouvelle boîte PK4 trois arbres à six rapports
étrennée par la version 150 chevaux. Dérivée de la PK6 des Renault
Vel Satis, Renault Espace et défunte Laguna 2.2 dCi 150 ch, elle
s’avère suffisamment rapide et précise et possède l'avantage de
disposer d'une marche arrière synchronisée ne nécessitant pas
forcément l'arrêt total du véhicule avant d’être engagée.
L’absence de boîte automatique (idem en 150 ch) est comblée par le
2.2 dCi qui a finalement passé les normes EuroIV en adoptant un
FAP et en perdant 10 chevaux, à 140 bourrins.
Si la très légère faiblesse avant l’entrée en fonction du turbo
n’enlève pratiquement rien à l’agrément de conduite ici, peut-être
que le choix d’une cylindrée limitée à 2 litres –le downsizing,
sera plus pénalisante dans les basses rotations quand il faudra
mouvoir les lourdes Vel Satis et Espace le jour ou elles
abandonneront leur Diesel V6 3 litres.
Une plage d’utilisation de 4000 tr/min et des perfs au top
Discret et d’une onctuosité de fonctionnement proche de la Honda
Accord et son 2.2 140 ch, le 175 ch n’a rien à envier en matière
de silence de marche aux 2 litres BMW ou aux 2.2 litres de
Ford/Jaguar ou Toyota/Lexus, sauf peut-être à froid. A vérifier
les autos côte à côte.
Avec une plage d’utilisation de 4300 tours, ou au moins de 3500
pour les conducteurs les plus impatients, la Renault Laguna 2.0
dCi 175 offre un agrément de conduite bluffant. Les performances
suivent, avec plus de 220 km/h en pointe, le 0 à 100 km/h en 8,4
secondes ou le 1 000 m départ arrêté en 29,5 secondes (en progrès
par rapport à la 150 ch de 10 km/ pour la vitesse maxi, d’une
demi-seconde sur le 0 à 100 km/h et de 0,8 seconde sur le 1 000 m
départ arrêté). La Laguna 2.0 dCi 175 se montre ainsi plus véloce
que la BMW 320d 163 ch ou même la Toyota Avensis 177 et pas très
loin de la Volvo S60 dont le 5 cylindres a récemment été porté à
185 chevaux. En perfs et surtout en agrément, on attend de voir si
le nouveau 2.2 170 ch biturbo de Ford/PSA, voire le 2.0 TDi de la
Volkswagen Passat boosté à 170 ch également, sont de taille à
déloger le nouveau dCi de son piédestal.
La Renault Laguna 2.0 dCi 175 ch en 10 chiffres-clés |
Longueur: |
4,60 m |
Largeur : |
1,77 m |
Hauteur : |
1,43 m |
Empattement : |
2,75 m |
Diamètre de braquage :
|
11,50 m
(entre murs) |
Volume du coffre : |
430-1 340
l |
Capacité du réservoir : |
68 l |
Consommation mixte
(en l/100 km, selon norme) : |
6.0 |
Émissions de CO2 (en g/km) : |
159
|
Poids à vide : |
1 430 kg |
Durée de la garantie : |
2 ans,
kilométrage illimité |
Périodicité entretien : |
15 000 km
|